Crédit photo et vidéo : SDIS 29|Cellule audiovisuelle|Jérôme Nourry

Isabelle Deletoille, Lieutenant 1ère classe est originaire de l’Essonne. Elle est arrivée dans le Finistère en 2012 et occupe actuellement le poste de préventionniste. Elle est également Chef de groupe dans le secteur Brest, spécialiste GRIMP (Groupe de Recherche et d’Intervention en Milieu Périlleux), et Conseillère technique départementale au pôle animalier.

"Pourquoi avoir choisi de devenir sapeur-pompier ?

J’ai choisi ce métier pour venir en aide aux gens et aider les autres. Le côté sportif de ce métier m’intéressait aussi beaucoup. La vie en communauté, dans le centre de secours, se retrouver ensemble, est quelque chose qui me tient également à cœur. C’est le métier qui me convenait parfaitement.

Quel a été votre parcours de sapeur-pompier professionnel ? Vous êtes experte en GRIMP, et risque animalier. Pouvez-vous nous expliquer en quoi ça consiste ?

IMG 9585 2Je suis rentrée sapeur-pompier volontaire à 17 ans, en 1997. Mon objectif étant de devenir sapeur-pompier professionnel. J’ai obtenu le concours à l’âge de 19 ans dans le département de l’Essonne. En 2007, j’ai passé le concours d’officier que j’ai obtenu.
Un an après mon arrivée dans le Finistère, je suis devenue spécialiste GRIMP, c’est une spécialité que j’adore. De plus, dans notre beau département, elle permet de voir des sites exceptionnels. C’est une spécialité exigeante, il faut savoir maitriser sa peur, sa technique, et être sportif. Depuis 2017, je suis devenue chef d’unité de 4 personnes. C’est une responsabilité en plus car j’ai la sécurité de tout le monde entre les mains. J’ai même plus d’appréhension sur la sécurité de mon personnel en falaise que lorsque je suis engagée sur incendie !
Depuis 2001, je suis conseillère technique de l’unité animalière. Dans le département, nous possédons 12 pôles animaliers. J’interviens essentiellement pour des conseils de mise en œuvre technique de déplacement ou de capture lors d’interventions pour des animaux.
Passionnée par les animaux, je suis éleveuse de serpents et en possède une dizaine. Je suis également experte judiciaire auprès de la cour d’appel de Paris. Cette spécialisation me permet de mettre en pratique ma passion, être en relation avec les animaux.
De plus, j’ai eu l’occasion d’écrire un livre avec Pascal Gouret s’intitulant « Risques animaliers » ayant pour sujet la capture des animaux dans les situations à risques.

Diriez-vous qu’être une femme a été un atout ou un frein pour votre carrière ?

Ni l’un ni l’autre, je ne me suis jamais considérée comme une femme dans le milieu. J’ai commencé jeune, et nous étions seulement 2 femmes parmi une centaine d’hommes dans mon centre de secours de l’époque, qui était le 2è plus gros de l’Essonne. Je me suis alors intégrée comme un homme. Je pense que réussir à s’intégrer en tant que femme dans un centre de secours dépend du caractère, il ne faut pas vouloir s’imposer en tant que femme. C’est un métier exigeant physiquement et mentalement, il ne faut pas se trouver des excuses selon le sexe pour s’abriter derrière.
Les femmes peuvent être au niveau sportif qui est attendu chez les sapeurs-pompiers. L’attente est la même pour les hommes comme pour les femmes. Chez les sapeurs-pompiers, il y a tous les gabarits, chacun aura alors son atout qui sera sa force dans les interventions.
Vis-à-vis de mes collègues et de mes responsabilités, je n’ai pas changé. Je prends le temps de discuter avec eux, je suis restée proche d’eux. Quand il faut s’imposer je le fais, quand il n’y a pas besoin je m’efface. Je reste calme, je n’ai jamais eu de problème pour m’imposer, cela s’est toujours fait naturellement.

Lors d’accidents de la route, il faut parfois pratiquer des désincarcérations. Le matériel n’est pas trop lourd pour une femme ?

Concernant la désincarcération, cela ne pose pas de problème. Aujourd’hui, le matériel a été considérablement allégé, il est plus ergonomique, plus maniable et plus accessible.

Arrivez-vous à concilier votre vie privée et vos responsabilités au travail ?

IMG 9588 2Oui. Je n’ai pas de soucis particulier. J’ai des horaires fixe, une plage de repos. Cependant, c’est différent quand on est en même temps sapeur-pompier volontaire. Il faut alors s’adapter pour la famille. Il faut garder du temps pour eux, les rassurer. J’essaye de laisser le travail au travail pour préserver mon entourage.
J’attends un enfant qui verra le jour en mars 2019, nous reverrons alors notre organisation de tous les jours. On est 2 et on a des gens sur qui compter, et puis nous ne sommes pas les premiers à passer par là !

Avez-vous une intervention qui vous a marquée plus que les autres ?

Je n’en ai pas une en particulier. Cependant, j’ai ressenti beaucoup d’incompréhension, de peur dans les émeutes de cités en Essonne. Nous étions appelés pour aider les gens, et nous nous sommes fait agressés, caillassés...
De plus je me souviens, étant officier CODIS avoir été appelée pour une explosion de bouteille de gaz. Après avoir envoyé des renforts sur place, un collègue m’a appelé. J’ai compris à son intonation que c’était grave, effectivement la bouteille de gaz avait explosé. Le temps est alors très long, on ne sait rien, il y a un gros blanc sur le plateau, alors qu’en parallèle il y a d’autres appels à gérer."

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