INTERVIEW CTA

Le sergent-chef Sébastien Bothorel et le sergent Sébastien Milin sont opérateurs au Centre de Traitement de l’Alerte (CTA)/ Centre Opérationnel Départemental d’Incendie et de Secours (CODIS) au sein du SDIS 29. Sébastien Bothorel est sapeur-pompier professionnel depuis 2001 et Sébastien Milin sapeur-pompier volontaire depuis 1999.

« Quel est votre parcours professionnel ?

Sébastien Milin : Employé à la mairie de Morlaix, je me suis engagé en tant que Sapeur-Pompier Volontaire (SPV) en 1999, au centre de secours de la ville. Puis en 2004, j’ai commencé à prendre des gardes de 12h au SDIS 29 en tant qu’opérateur SPV suite à ma formation (connaissance du département, outil informatique, etc). Deux ans plus tard, le chef de service m’a proposé une mutation. J’ai donc quitté mon poste à la mairie de Morlaix pour intégrer pleinement le CTA/CODIS. Je reste par contre sapeur-pompier volontaire au centre de secours de Morlaix.

Sébastien Bothorel : J’ai rejoint les sapeurs-pompiers volontaires de Seine-et-Marne en 1997. Suite à l’obtention de mon concours, je suis devenu sapeur-pompier professionnel en 2001. J’intègre ensuite le centre de secours de Quimper en 2008 ainsi que le CTA/CODIS en tant qu’opérateur.

En quoi consiste votre travail ?

Interview Sebastien Bothorel Sebastien Milin mai 2016 Camille Rannou 04

Sergent Sébastien Milin

Sébastien Milin : En tant qu’opérateur, je réalise des gardes de 12 heures avec mes collègues. Pour éviter la routine, un roulement est instauré dans le service : Le matin de 8h à 12h, je suis présent au CODIS (suivi de l’intervention). A l’heure de midi, la salle est fermée et les appels transférés dans la salle CTA (traitement de l’alerte). Deux par deux, nous partons manger. A notre retour, je suis affecté au CTA jusqu’à 20h. Cette organisation n’est pas forcément la même au sein de tous les départements, mais cette solution me convient tout à fait.

En journée, 4 opérateurs CTA réceptionnent les appels et 2 opérateurs CODIS assurent le suivi radio des interventions. Un chef de salle CTA et un officier CODIS supervisent les opérations. Cet effectif est légèrement réduit la nuit (4 opérateurs, un chef de salle), car le nombre de demandes de secours diminue.

En 2015, nous avons reçu 186 923 appels d’urgences, ceci correspond à 512 appels par jour en moyenne et un appel toutes les 2 minutes et 49 secondes.

Au Centre de Traitement de l’Alerte, nous recevons les appels de la population (adultes ou enfants), mais aussi ceux d’autres départements. Par exemple, un parisien qui s’inquiète pour sa grand-mère, résidant en Bretagne, qui ne répond plus à ses appels. Le CTA de Paris le transfère vers nous. Nous pouvons également recevoir les appels des autorités.

Quant au Centre Opérationnel Départemental d’Incendie et de Secours, nous suivons l’intervention grâce aux sapeurs-pompiers sur le terrain, aux services partenaires (policiers, gendarmes, etc) et aux CODIS d’autres départements. Etant entre professionnels, notre langage est différent, plus technique et avec de nombreuses abréviations.

Malgré notre formation, je considère qu’il est plus que bénéfique d’être sapeur-pompier en complément. Cette mesure est d’ailleurs obligatoire dans le Finistère. Les sapeurs-pompiers, prenant les appels du 18 ou 112, ont une connaissance du terrain et sont en mesure de donner les bons conseils.

Je suis donc sapeur-pompier volontaire, au centre de secours de Morlaix, sur mes temps de repos. Suite à une garde de 12 heures au CTA/CODIS, j’ai 24 heures de repos, puis 12 heures de garde de nuit et 48 heures de repos. J’ai également un nombre limité de garde à réaliser (11 ou 12) en tant qu’opérateur. Ainsi je peux réaliser des astreintes et gardes postées SPV.

Que faut-il dire en cas d’appel au 18 ou 112 ?

Interview Sebastien Bothorel Sebastien Milin mai 2016 Camille Rannou 08

Sergent-chef Sébastien Bothorel

Sébastien Bothorel : Tout d’abord, il faut dire ce qu’il se passe en une phrase (accident, feu, malaise, etc). Puis où vous vous trouvez exactement (commune, adresse, appartement ou maison, étage, etc).

Ensuite, nous pouvons être amenés à poser des questions supplémentaires telles que : le sexe, l’âge, l’état, le nombre de victimes, mais aussi le nom et numéro de téléphone de l’appelant, etc. Nous pouvons également demander aux personnes présentes de faire les gestes de premier secours, ou leur passer un médecin du SAMU pour prévoir l’évacuation de la victime.

Avez-vous une intervention marquante à raconter ?

Sébastien Bothorel : J’étais présent lors d’un incendie en Seine-et-Marne, 2 personnes étaient piégées à l’intérieur d’un appartement. Je suis rentré par la fenêtre avec un lot de sauvetage. Nous avons secouru toutes les personnes présentes.

Sébastien Milin : En tant que sapeur-pompier volontaire, j’étais présent lors d’un incendie au centre-ville de Morlaix. A notre arrivée, une maison était en feu, on apercevait plusieurs personnes aux fenêtres et un couple sur la toiture. Nous n’avons malheureusement pas réussi à sauver tout le monde, une femme enceinte est décédée ce jour-là.

La plupart des interventions marquantes sont celles avec des enfants. Lorsqu’un enfant hurle lors d’un accident de circulation, qu’il souffre énormément, on a l’impression de souffrir avec lui, nous ferons tout pour lui venir en aide le plus rapidement possible. L’accident de car de Quimper m’a marqué, puisqu’il concernait des enfants.

En tant qu’opérateur au CTA, j’ai reçu un appel d’une entreprise qui distinguait de la fumée et des flammes sortir d’une habitation, avec des cris. Après avoir fait intervenir le centre de secours concerné, je me souviens avoir demandé à l’entreprise s’ils avaient une échelle pour faire sortir de la maison ceux qui le pouvaient.

Même si on n’y pense pas tous les jours, on n’oublie pas ces interventions. Que ce soit en tant qu’opérateur ou sapeur-pompier, le travail d’équipe est essentiel. Nous nous soutenons mutuellement, cherchons des solutions pour améliorer notre efficacité et avons accès à l’expertise d’un psychologue. Je ne regrette pas mon choix, malgré ces épreuves parfois difficiles, j’ai la satisfaction d’avoir sauvé des vies et c’est le plus important à mes yeux.

Crédit texte et photo : SDIS 29|Camille Rannou

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