Sapeur pompier Brest septembre 2015 Mickael Chevalier 11

Aux cours des portes-ouvertes du CSP Brest du 28 mai dernier, le chef de centre a saisi l’occasion de rappeler brièvement 2 évènements marquants qui ont conduit à l’évolution du centre de secours et dont l’un d’eux est à l’origine d’un changement de la règlementation française en matière de risques d’incendie et de panique.

1er évènement : l’explosion de l’abri Sadi Carnot.

L’actuel centre de secours a été construit en 1974. Le poste annexe de l’avenue Foch date lui de 1971.
Auparavant, la caserne des sapeurs-pompiers de Brest se situait à la place de l’actuel faculté de médecine, près de l’hôpital Morvan. Il s’agissait de baraques en bois et les dortoirs qui étaient constitués de hamacs. Il faut se souvenir que Brest a été volontairement détruite à 80% en 1944 par les bombardements alliés. Ce sacrifice avait pour but de détruire la base atlantique qu’avait constitué les allemands.
Préalablement, la population avait fui la ville et de 80 000 habitants en 1938, il n’en restait plus que 2 000 au moment des bombardements.

Le 9 septembre 1944, une partie des habitants ainsi que des occupants allemands s’étaient réfugiés dans l’abri Sadi Carnot, un tunnel de 560 m reliant la rue Emile Zola à la porte Tourville de l’arsenal. Les allemands y avaient stocké leurs armes et des munitions. Pour une raison inconnue (erreur de manipulation du groupe électrogène ou bagarre entre allemands selon certaines sources), un incendie accidentel a atteint les munitions provoquant une explosion. Les réfugiés en voulant fuir le tunnel vers la rue Emile Zola se sont retrouvés bloqués devant les grilles qui s’ouvraient vers l’intérieur. Les personnes les plus proches de la grille ont pu l’entrouvrir mais progressivement, sous l’effet de la pression, elles se sont refermées, les corps s’accumulant devant les grilles. 371 français sont morts et 500 à 600 allemands.

C’est depuis cet évènement que toutes les portes de sortie des établissements recevant du public s’ouvrent vers l’extérieur.
C’est le lieutenant Carquin, ancien sapeur-pompier professionnel de Brest, décédé en 2011, qui a relaté cette tragédie au Commandant Dominique Mazé, Chef de centre de Brest et lui a fait visiter les lieux. A l’époque, il était intervenu pour dégager les corps en tant que sapeur-pompier volontaire à Brest et membre de la défense passive.

Bien qu’il y avait des sapeurs-pompiers volontaire avant 1945, c’est après ce drame et à la fin de la guerre qu’a véritablement débuté la professionnalisation des sapeurs-pompiers de Brest, avec l’intégration de 25 sapeurs-pompiers permanents composés d’agents communaux.

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2è évènement : L’explosion du navire Océan Liberty Ship

cargo Ouest France

Parti de Baltimore, ce navire livrait à Brest 3 000 tonnes d’ammonitrates et diverses matières dont des lubrifiants.
Le 28 juillet, au moment du déchargement, le capitaine s’aperçoit que le feu couve dans les cales. L’origine est inconnue mais on sait que le mélange de l’ammonitrate avec du lubrifiant est un facteur de décomposition du produit.

Le chef de corps de l’époque, le lieutenant Raymond Palu, intervient avec ses sapeurs-pompiers mais l’incendie a pris de l’ampleur. Il fait ouvrir les panneaux de cales pour procéder au noyage au moyen de 4 grosses lances. Cependant, le feu se propage aux installations portuaires et devient immaîtrisable. Il est décidé d’éloigner le navire du port.
Pendant la phase de remorquage, le navire échoue à la sortie du port. Malgré l’action permanente du bateau pompe, 2h plus tard, une explosion survient, pulvérisant le navire. La situation est catastrophique. Des matières en fusion et des milliers de morceaux de métal sont projetés jusqu’à plusieurs centaines de mètres mettant le feu au dépôt pétrolier et engendrant la destruction de 4 000 maisons et immeubles. Le bilan est particulièrement lourd avec 26 morts et 500 blessés.

A la suite de ce drame, l’effectif des sapeurs-pompiers de Brest passera de 25 à 45 permanents.
Fort de cette expérience, les sapeurs de Brest ont redoublé de vigilance. Comme en 1999, lorsque le navire junior M, transportant 6 000 tonnes d’ammonitrate a été dérouté vers le port de commerce suite à une voie d’eau. Un dispositif préventif de 1 000 m3/h avait été déployé pendant les 15jours nécessaires au déchargement de la cargaison.
A titre de comparaison, l’explosion de l’usine AZF en 2001, impliquait 400 tonnes d’ammonitrate.

locean liberty explose le 28 juillet 1947

Crédit texte : Commandant Dominique Mazé
Crédit photo : CoteBrest.fr, Wikipédia - Par S. DÉNIEL, archives de Brest, Ouest-France

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